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On ne peut pas vraiment écouter de musique en prison.

Le bokit est un plat guadeloupéen, un sandwich de pain frit. Je ne connaissais pas et ça défonce. Surtout que j’ai bien besoin de me remonter le moral, et que la nourriture aide, surtout à côté de la bouffe de la cantine de la prison. Ils ont même cru que mon système digestif ne tenait pas le régime lorsque j’ai été transporté aux urgences une nuit suite à une de mes « crises ». Car oui elles continuent bien évidemment. Mon corps me rappelle qu’il est en bout de course. Durant mon incarcération c’est une crise tous les 3 jours, un voyage aux urgences une fois sur 4, le reste du temps c’est plus léger et je prends sur moi. Ca plus les crises d’angoisses, le planning est plutôt chargé.

Comment je continue d'écrire ? Mon avocat, commis d’office, m’a obtenu le droit de garder papier et crayon. Au début la justice avait peur de mon suicide par stylo mais mon dossier médical semble avoir plaidé en ma faveur.

Pour être honnête ce qui a plaidé ce sont aussi mes alibis.

Oui ma tête a bien été aperçue sur plusieurs lieux de meurtres, oui mes empreintes aussi, et mon ADN histoire de boucler le dossier plus vite que prévu.

J’ai commencé à y voir une conspiration. Quelqu’un tentait de me coller ses crimes sur le dos. Pratique avec ma durée de vie. Mais non, je ne suis personne, et on a besoin de personne pour couvrir des crimes. Pour couvrir un crime il suffit de ne pas laisser de traces plutôt que d’en inventer, plus facile, moins risqué.

Du coup ...

Police et parquet n’ont pas très envie de partager l’ensemble de leurs infos avec moi, le fameux problème de l’accès au dossier par la défense. Je tente donc de deviner via leurs questions, ce qu’ils ne me disent pas.

Déjà, à la vérification de mes alibis ils se sont détendus, me traitent avec plus de courtoisie et ont orienté pas mal de questions sur ma famille. Adoptive certes, biologique surtout. Mais l’impasse est vite arrivée, du moins de mon côté car ils m’ont laissé en cellule durant une bonne semaine avant de vouloir m’entendre à nouveau.

A partir de là, la suite est évidente : questions familiales, ADN retrouvé dans un endroit où je ne suis jamais allé. J’ai un frère, ou une sœur, ne soyons pas sexiste. J’en parle à mon avocat. On refait mon passé par la DDASS, et ce faisant ou refaisant (du coup) on parle des règles d’adoption et des lois française et là ça devient un peu le bordel. Séparer une fratrie, ça reste jouable, donc j’ai un frangin caché et Serial Killer.

Pourquoi ?

J’ai bien conscience que le sujet qui devrait me tarauder le plus est celui de ma libération, puisque preuve est faite que « c’est pas moi monsieur le juge », mais je ne peux empêcher ma curiosité de travailler. Pourquoi mon double génétique tue son prochain ?

La réponse a été formalisée lors de mon dernier passage devant le juge d’instruction : lui, le greffier, les inspecteurs chargés de l’enquête et mon avocat.

Ce n’est pas une réunion, c’est une démonstration que nous écoutons tous religieusement. La police a un peu la tête tournée vers ses godasses, la défense, surtout mon avocat, est fébrile. Mon juge est magistrale.

Il énonce les faits établis, les meurtres, un à un, puis mon alibi et mon dossier médicale et de l’A.S.E. A la vue des faits énoncés il s’avère que mon innocence ne fait pas de doutes, et que le tueur, car l’étude de l’A.D.N montre qu’il s’agit d’un homme, est bien mon jumeau. Il semblerait enfin que ma, notre maladie ai déclenché chez lui une envie de tuer ses contemporains.

La police prend la suite, mon avocat commence à bomber le torse et à imposer sa présence. Le mode opératoire change, les cibles aussi, ils ne peuvent prévoir ni le secteur ni la nature de la prochaine cible. Alors oui dans 4 mois tout se finira de lui-même mais le public ne va pas aimer, le ministre de l’intérieur non plus et si les victimes redeviennent politiques ...

Alors on me demande un dernier effort, mon avocat parle à ma place, et tente de négocier ma participation. On lui rétorque qu’il n’y a rien à négocier, je serai libre une fois la réunion terminée.

D’autant plus que je n’ai réellement rien à leur donner. Je me pensais fils unique jusqu’à ces derniers jours. Alors pour ce qui est de le retrouver …

Je ne devrais penser qu’aux semaines qu’il me reste, mais je leur dit, avant de partir que s’ils ont besoin de moi, ils peuvent m’appeler.

Ils me remercient et je repars libre en payant un coup à mon avocat

Tag(s) : #roman, #m2f, #garde à vue, #interrogatoire, #avocat, #DASSE, #ASE
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