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Suzume
Sorti le 12 avril et toujours à l’affiche dans certaines salles, Suzume est le dernier long métrage de Makoto Shinkai (Your Name).

Dire que c’est l’histoire d’un road-trip entre une jeune lycéenne et un homme transformé en chaise par un dieu chat ne serait pas rendre hommage à Suzume ni ne saurait décrire le panel d’émotions par lequel Makoto Shinkai nous propose de passer.

Oui Suzume est une lycéenne de 17 ans, vivant seule avec sa tante d’une petite quarantaine d’année depuis la mort de sa mère. En allant à l’école sur son joli vélo, elle rencontre un étudiant voulant devenir prof qui lui demande son chemin. Ayant flashé sur lui, elle ne pourra s’empêcher de le suivre sur ce chemin. Un chemin qui l’emmènera vers une porte qui s’ouvre sur une réalité alternative, un monde parallèle où vont les esprits, où elle est elle-même allée à l’âge de 4 ans en … mars 2011.

Les portes doivent être fermées

Arrêtons de nous intéresser à l’histoire en elle-même, (c’est un road-trip à travers le Japon) pour nous intéresser à ses thèmes car c’est un véritable pot-pourri qui nous est proposé. Un savant mélange jamais indigeste et dont chaque composante est amenée avec une finesse de plus en plus rare sur nos écrans : amitiés, entraide, amours naissants des adulescents, amours contrariés des adultes, deuil, famille, et ces connards de chats qui foutent le bronx en libérant des vers géants et qui transforment les gens en chaises pour enfants.

Suzume est un film qui se comprend en ayant refait le fil de tout ce que les auteurs nous ont montré et ont, surtout, sous entendus, car si la thématique principale est l’apprentissage du deuil, il est moins évident de comprendre le chemin qui nous y amène.

Moralité, les chats sont des connards

Car comme écrit plus haut, Suzume est un road-trip, qui nous amène de porte en porte, où chaque porte est un lieu de drame pour le Japon. Un voyage qui commence entre Hiroshima et Nagasaki, en passant par Kobe (tremblement de terre de 1995), Tokyo (séisme et surtout incendie en résultant en 1923, entre autres) et se terminant dans la région de Fukushima, là où Suzume perd sa mère dans le tsunami de 2011, ce qui n’est jamais explicitement dit, mais les dates sont rappelées et un bateau perché sur un toit de maison l’évoque clairement.

Des portes qu’il faut refermer pour laisser les morts en paix et les vivants faire leur deuil, un voyage qui débute en ferry, qui continue en Shinkansen (le TGV japonais) et s’achèvera dans la douleur sur un vélo rouillé en étant passé par une voiture vieillissante, dysfonctionnelle et accidentée. Comme un rappel que les derniers mètres d’un tel périple sont les plus difficiles.

Suzume est un film chorale si l’on parle en émotions, qui a pour décor un Japon rural (pour la majeure partie du film) dans lequel chaque personnage montre une facette de l’aspect humain dans ce qu’il a de bon. Chaque personne rencontrée est une femme (exception faite du second rôle masculin, de son ami et de son grand-père) comme pour montrer, à chaque fois, une facette de la mère disparue de l’héroïne. On est marqué par ces personnages mais surtout par la finesse du traitement. Un film, surtout d’origine occidentale, aurait ajouté des antagonistes, en transformant cette femme qui prend Suzume en auto-stop par un mec glauque et surtout nous aurait hurlé ses références « Tu VoIS Là Y a Eu Un SeIsMe en 1995 !!!! AvEc PlEiN dE GeNs qUi SoNt MoRtS ».

Suzume, en définitive est donc un film à voir et à revoir à tous âges, pour prendre conscience de toute sa forme et de tout son fond, un film qui sent bon un Japon un peu idéalisé mais qui donne envie d’y aller ou d’y retourner.

Tag(s) : #suzume, #critique, #Manga, #japon, #tsunami, #fukushima
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